Les écoles au fil du Temps - Au 19ème siècle

On retrouve dans la monographie de Saint Denis de Gastines de 1899, la description de Mr Albert Lecoq instituteur de l'école publique de l'époque

Saint Denis de Gastines (3171 habitants) - (1792)

École des garçons. - En 1792, le Directoire du département demande à la municipalité quel était le traitement du maitre d'école, parce qu'on espère plus qu'il se présente un instituteur ou institutrice (1)
École des filles. - Mademoiselle de Froullay avait fait un legs pour l'école des filles. Le directoire en demande la quotité. En 1793 et 1794, la commune qui s'était emparée de la maison "des ci-devant sœurs de la charité" en paie l'impôt foncier à raison de 17 livres par an (1)

(1) Archives municipales et du département - Registre du Directoire

« Ecoles, avant la révolution quelques écoles étaient disséminées dans la commune (entendre alors par école une grange, un maison basse quelconque) Celui qui savait lire, écrire et compter enseignait aux enfants le peu qu'il possédait moyennant une faible rétribution. Ainsi il y avait des lieux pour l'enseignement à la Cosnière, au Rocher, à la Rouairie.

 En 1789, un maitre d'école M. Beuhel s'établit au bourg de St Denis. C'était un homme instruit et partageant des idées libérales de M. Daligault, maire de la commune à cette époque. En lutte aux tracasseries réactionnaires et mesquines des chouans (quelques-uns de leurs descendants à St Denis ont religieusement conservé ce caractère ! ) il dut se retirer à Ernée où il mourut noyé accidentellement dans la rivière, l'Ernée. Son successeur Aimable Baissin, qui enseigna sous le consulat et l'Empire, avait fait ses classes de latin. C'était également un maître très instruit. Il quitta l'enseignement pour entrer dans les contributions indirectes et fût nommé à Gorron. Vint Julien Collet, homme intelligent qui avait appris seul ce qu'il savait. Il exerça sous Louis XVIII et Charles X, fut aimé et estimé de tout le monde et acquit une grande influence sur la population. Il quitta l'enseignement vers 1833 et mourut sacriste. Son successeur et ancien élève, M Daligault, aujourd'hui âgé de 83, ne resta dans l'enseignement que 2 ans. C'est un lettré, immodéré en même temps qu'un homme de jugement très sain et qui a rendu de nombreux services à la commune comme secrétaire de mairie, fonction qu'il a exercée pendant 23 ans.

Parurent les frères jusqu'en 1847, ils eurent comme successeurs Messieurs Rocton et Pierre Pottier, instituteurs, revinrent pendant quelques années et furent remplacés par Messieurs Pellerin et Delhommeau. Ce dernier fût plus tard inspecteur primaire en Bretagne. Puis le conseil municipal redemanda les frères qui depuis sont toujours restés en concurrence avec les Instituteurs. La maison d'école actuelle a été construite en 1867-68. L'école Saint-Joseph fût installée en 1874-1875 suite à un leg et donation de la famille George de la Massonnais (voir l'article)

Nombre d'élèves fréquentant les écoles en 1899

1°de moins de 6 ans …................25 ou 100 en y comprenant ceux de l'école maternelle

2° de 6 à 13 ans …....................... 250 élèves

3° de plus de 13 ans …................ 10 élèves »

Ecrit le 10 août 1899 par Albert Lecoq Instituteur de l'école publique

 L'école des garçons au XIXème siècle

Comme la soutenu dans son écrit, riche d'informations, l'instituteur Albert Lecoq, dans sa monographie de 1899, de nombreux instituteurs se sont succédés au sein de l'enseignement communal, principalement à l'école des garçons qui se situe en haut de la place du champ de foire aux bœufs (actuel place des tilleuls).

L'un des premier instituteur de ce début de siècle, fût Aimable Baissin, qui enseigne dés la fin de la révolution française, jusqu'en 1812, né dans la commune le 8 février 1778, il est le fils d'un maitre chirurgien, François Urbain Baissin, (né vers 1744, décédé à Saint Denis de Gastines, le 7 novembre 1814), Aimable est issu d'un milieu social bourgeois, il devient comme il est indiqué, receveur à cheval des contributions indirectes et décède le 5 mars 1841 à Gorron. Son successeur Julien Collet exerce sa carrière d'enseignant dans la commune près de 30 années jusqu'en 1840, né à Saint Denis le 13 mars 1783, d'un père menuisier dans le bourg, puis à Vautorte, Julien devient sacriste de l'église de Saint Denis et décède le 17 janvier 1851. Pierre Guesdon le remplace à la charge de l'école en 1840, élève de l'école normale de Laval, ce jeune homme de 30 ans né à Mantilly (Orne), enseigna très peu d'années dans la commune, ainsi que son remplaçant Auguste Gautier, déjà âgé de 55 ans lors de sa prise de fonction de l'enseignement communal des garçons. Chronologiquement, les instituteurs se succèdent, Jean Rocton né à 26 octobre 1808 à Colombiers du Plessis, enseignait à Saint Cyr en Pail (1833), puis à Saint Denis de Gastines (1851*).

Pierre Pottier, âgé de 31 ans (1856*), maître d'école jusqu'en 1866.

L'école des filles au XIXème siècle

Depuis sa création avant 1836, l'école des filles demeurait sur la route de Vautorte, à l'emplacement actuel de l'école publique. Durant près d'un siècle et demi, cet établissement fût administré par des religieuses, les sœurs de la Charité d'Évron (1), à l'encontre de certains instituteurs de l'école pour garçons, ces bénédictines responsables de l'enseignement, exerçaient de longues périodes dans la commune. La première recensée, fùt Soeur Françoise Baron (1836*), puis Soeur Pauline Lamare (1851 à 1881*), né le 13 mai 1810 à Villaines la Juhel, décédé à Evron le 7 fevrier 1884, fille d'un chirurgien de Villaines. Elle fût remplaçé par Soeur Marie Laizé, d'abord adjointe (1886*) puis directrice jusqu'en 1901. Le bâtiment accueillait un pensionnat de jeunes filles de toutes âges. L'éducation durant le XVIIIème siècle et du XIXème siècle, propose un enseignement séparé et

différent entre les filles et les garçons, on peut envisager des écoles communes pour de jeunes enfants à la campagne, la séparation est"évidente" quand le nombre d'élèves le permet comme ce fût le cas au sein de la commune de Saint Denis de Gastines. Les hommes destinés à la vie publique doivent recevoir une éducation différente de celle des femmes destinées à une vie privée. La séparation des écoles s'appuie sur des arguments d'ordre moral, religieux et biologique.

(1) Perrine Brunet naît à La Chapelle au Riboul en Mayenne le 6 Novembre 1654. Malgré son désir d’être religieuse, elle épouse, selon la volonté de ses parents, René Thulard notaire royal et sans doute marchand dans la région. Veuve sans enfants à 25 ans Perrine reprend ce qu’elle avait commencé jeune fille : « apprendre à lire, compter et écrire » aux filles du village. Son désir d’être religieuse refait surface. Elle donnera corps à ce projet en se consacrant à Dieu tout en enseignant et en allant visiter les « pauvres malades chez eux ». D’autres jeunes filles s’associent à son projet. Ainsi naît en 1682 la « Société de Filles de Charité » dédiée à l’enseignement et aux soins des malades tout en ouvrant les uns et les autres à la question de Dieu.

Une école de la campagne dyonisienne

Au village de la Cosnuère, excentré et éloigné de la commune, à plus de 7 kilomètres, une loge accueillait une petite école, sans doute avec un effectif mixe, en 1861*, André Amand Quinton né le 14 décembre 1807 à Saint Pierre des Landes, de profession cultivateur, enseignait au sein de ce hameau de près de 50 habitants, les enfants des fermes les plus proches rejoignaient les élèves de ce lieu dit.

 

 

1867-68 : Construction de l'école Saint Joseph

Avec une population de plus en plus danse, 3458 habitants en 1851, et de nombreux décrets et lois gouvernementaux, cela nécessitent l'obligation de l'apparition d'écoles plus important pour accueillir un nombre accru d'élèves. A cette période des nombreux bâtiments communaux sont construits, en autre, l'école Saint Joseph, situé en face du champ de foire aux chevaux (place Bellevue, actuellement), le bâtiment de la mairie est édifié (vers 1869), ainsi qu'un hospice de dix lits pour les « anciens » (vers 1881*) cette établissement est dirigé durant près de 25 ans par Soeur Claire Chaumezière, né au Ribay, religieuse de la communauté de la Charité d'Évron (1). Pour la construction de ce nouvelle édifice scolaire, de nombreux fonds ont été levés auprès de la population, la commune et des instances religieuses, dès la fin des travaux, une congrégation des Frères de la doctrine chrétienne (2) dirige l'établissement, pour ordonné l'enseignement, Jean Couture, 43 ans (1872*), né dans le Lot, assisté d'Etienne Cornollet originaire du Puy de Dôme, et de Pierre Rouault né en Ille t Vilaines. Un pensionnat de garçon de tous âges est créé.

En 1872*, en parallèle et en complément de l'école Saint Joseph, François Delhommeau, âgé de 40 ans, originaire de la Charente, dirige une école primaire, avec un petit nombre de classes, rue de la Grimaudière (Rue de Bretagne, actuellement), avec pour unique adjoint Théodore Morin, 19 ans, cela démontre la cohabitation entre des religieux et des laïques.

(2)Les Frères de la doctrine chrétienne a été fondée en 1822 par Joseph Fréchard à Nancy. Cette congrégation de droit diocésien, vouée à l'enseignement et à l'éducation religieuse des garçons, s'est développée en France tout au long des trois derniers quarts du XIX siècle.

29 mars 1880 : naissance de l’école publique laïque en France

A cette époque, un Républicain athée et franc-maçon, Jules Ferry, est un tout jeune Ministre chargé de l'Instruction publique. Il faut savoir qu'en France, près de 50 % des Français ne savaient ni lire, ni écrire quand l'instruction primaire publique a finalement été instaurée le 28 juin 1833. Cette loi fut mise en vigueur grâce à Louis Philippe et à François Guizot. Puis les lycées furent développés et les filles encouragées à s'instruire sous Napoléon III, grâce à son Ministre Victor Duruy. Finalement, la France était assez alphabétisée vers 1870 surtout au nord et à l'est du pays. Pourtant, en ces débuts de troisième République, l'enseignement primaire est encore très religieux, la loi Falloux de 1850 étant toujours en application. Il faut dire que cette loi avait été votée par une majorité très conservatrice. Ainsi, les instituteurs étaient obligés d'enseigner le catéchisme, voire plus, d'accompagner les écoliers à la messe. Certaines écoles furent ainsi ouvertes par plusieurs congrégations religieuses, les plus connues étant les Jésuites. Presque la moitié des enfants suivaient leur scolarité dans de tels établissements. Jules Ferry proposa donc d'exclure de l'enseignement public français toute forme de religion. En 1879, il déposa un projet de loi pour ôter le droit d'enseigner aux membres des congrégations religieuses non autorisées. Le Sénat, traditionnellement conservateur, s'opposa au texte le 2 août. Peu importe, Jules Ferry passa outre et prit deux décrets le 29 mars 1880, ce qui provoqua la démission de Charles de Freycinet, alors Président du Conseil. Jules Ferry prit sa place en septembre. Les Jésuites furent obligés de quitter l'enseignement au plus vite, dans les trois mois. Les membres des congrégations non autorisées furent priés de faire de même ou d'appliquer la loi qui refusait tout enseignement religieux dans le cadre scolaire. Près de 5000 membres religieux furent expulsés des écoles. Le mouvement fit tache d'huile dans les hôpitaux de certaines communes avec le renvoi de religieuses pourtant bien dévouées aux malades et bien utiles aussi. Jules Ferry compléta ses décrets avec la loi du 21 décembre qui ouvrit les portes de l'enseignement secondaire public aux filles. Les cours de religion furent remplacés par des cours de morale républicaine. C'en était fini du monopole de l'église sur l'enseignement des filles. La loi du 16 juin 1881 rendit l'enseignement primaire gratuit puis laïc et obligatoire par la loi du 29 mars 1882. Aujourd'hui, plusieurs formes d'enseignement cohabitent, la plus importante étant l'école publique, gratuite et laïque.

1886-1887 : Création de l'école Publique à Saint Denis de Gastines

Albert Lecoq, fût le premier instituteur de l'école publique de Saint Denis, le bâtiment de l'enseignement laïc se situait rue d'Ernée, sans doute en lieu et place de notre mairie actuelle. Ce directeur d'école s'occupait de l'école primaire de Saint Pierre sur Erve en 1885, avant de prendre ses fonctions à Saint Denis de Gastines en 1886. Ilest né le 5 octobre 1859 à Joué les Bois (Orne) fils d'un instituteur qui a fait toute sa carrière au sein de cette commune. Il dirigea l'école jusqu'à la première guerre mondiale, ce maître a marqué de son empreinte cet établissement public communal, en organisant sa structure et son fonctionnement. Après l'implantation de cette nouveau lieu d'accueil de l'éducation nationale, et une augmentation du nombre d'élève de primaire, Albert Lecoq s'encadre d'adjoint, Ferdinand Bachelot, 24 ans (1896*), né le 28 novembre 1872 à Vautorte, fils de l'instituteur de cette commune, puis de Louis Legrand (1906*) né le 11 novembre 1884 à Saint Germain le Guillaume, fils d'un chaudronnier.

De retour dans son village natale, il se remarie en 1918 (3), Albert Lecoq décède le 10 mai 1940.

(3) Allbert Lecoq était marié à Aurélie Gibory en 1885, sa première femme décède à Saint Denis de Gastines le 19 juillet 1911

 

Sources et remerciements

(*)Recensements de Saint Denis de Gastines de 1836 et 1911

Entretiens avec de nombreux habitants de Saint Denis de Gastines.

Archives départementales de la Mayenne - site internet: http://www.lamayenne.fr

Soeurs de la Charité d'Évron - site internet: www.soeurs-charite-evron.com

Mairie de Joué-du-Bois (Orne) – le site internet Wikipédia –