Actes des Sépultures et bénédiction du Cimetière

On enterrait, le plus souvent, dans le cimetière qui était autour de l'Église sauf aux moments des grands froids, quand la gelée rendait difficile le creusage des fosses; les inhumations se faisaient alors dans le bas de la nef. Il en fut ainsi en janvier 1660, en janvier et février 1670, en janvier 1694, en février 1695. Deux autres inhumations eurent lieu au même endroit les 23 et 29 juillet 1678, parce que le cimetière avait été « pollué », c'est-à-dire douillé peut-être par une violation de sépulture, plus probablement par une rixe. Il arrivait en effet de temps à autre, cela s'est produit dans de nombreuses paroisses., qu'à la sortie d'un office deux ou plusieurs hommes se prenaient querelle et en venaient aux mais, sans égard pour ce lieu consacré. Le clergé procédait alors à une cérémonie de purification, mais en attendant, on enterrait dans le sanctuaire.

 

Les inhumations qui se faisaient normalement dans l'Église étaient les inhumations des notables, et par ces terme il faut entendre un grand nombre de familles, environ une sur dix. On trouvent souvent dans les testaments de l'époque, rédigés par les notaires. L'indication du lieu exact où le testateur désirait reposer. C'était toujours dans le haut de la nef ou des bas côtés, seuls alors garnis de bancs et sous le banc même qu'avait occupé le défunt avec les siens.

Le chœur et le devant des autels latéraux avaient réservés aux membres du clergé. Les dépouilles mortelles de plus de mille défunts durent déposées au cours des XVIIème et XVIIIème siècles dans le sol de l'église de Saint Denis.

La bénédiction du nouveau cimetière eut lieu le 15 janvier 1784; elle fut faite par le curé de Saint Pierre des Landes, doyen rural d'Ernée, en présence du curé de la paroisse, et ses deux vicaires, de deux prêtres habitués et du « procureur fabricier »

Le registre de catholicité qui donne ces renseignements ajoute que le sol du cimetière de l'Église ne pourrait être déclaré « lieu profane », tant que les corps qui y avaient inhumés n'auraient pas été relevés et qu'ils ne pourraient l'être avant un délai de six années, à partir de la dernière inhumation. En 1790 on eut d'autres préoccupations. Les registres d'état civil, tenus à partir de 1792 par un officier public, sont muets sur l'époque de transfert.

Les inhumations à Saint Denis de personnes décédées dans d'autres paroisses étaient extrêmement rares; elles ne se faisaient que pour les notables à enterrer dans l'Église. Les personnes étrangères à la paroisse qui y décédaient étaient ordinairement des mendiants, tels une pauvre femme « qui se disait de Bretagne », un garçon de 19 ans sorti de la prison d'Ernée, une pauvresse inconnue, un homme de Mantilly et une vingtaine d'hommes, femmes, enfants chassés par la famine en 1694 du « Pays haut » c'est-à-dire : des environs d'Alençon, le Mesle Sur Sarthe, Pervenchères, Laigle et Evreux...

 

Les registres de catholicité ne parlent pas naturellement des inhumations faites sans service religieux. Il y avait là une lacune que l'état civil a comblé. Les honneurs de la sépulture ecclésiastique étaient refusés : aux suicidés, aux pêcheurs publics et même aux gens de passage, décédés sans sacrements, à moins qu'une personne qualifiée ne prouvât qu'on se trouvait en présence de catholiques. Ainsi, le nommé GASCOIN d'Ernée, mort assassiné en 1682, près de l'étang de Bonne Fontaine, fut enterré religieusement parce que Le Procureur de La Fabrique assurait qu'il était « orthodoxe de religion »n parce qu'on avait trouvé sur lui deux chapelets et que plusieurs personnes dignes de foi l'avaient vu assister à la grande messe paroissiale.

L'usage est longtemps resté à Saint Denis des messes d'enterrements précédées d'un nocturne et des Laudes pour les premières classes. Aux deux derniers siècles de l'ancien régime, on faisait des offices plus solennels encore aux sépultures des notables. Les nombreux prêtres habitués résidant dans la paroisse chantaient la veille de l'inhumation « les vigiles des morts » et, naturellement, le service du jour était précédé du chant des Laudes, il était même précédé de la récitation des trois nocturnes si l'heure tardive du décès avait empêché de chanter mâtines la veille au soir.

 

Pour les enterrement ordinaires, la cérémonie était plus brève. Elle dut être réduite au minimum, lors de l'épidémie de 1707, quand il fallut faire plusieurs enterrements le même jour. Il est même probable que l'on entra pas alors les cadavres à l'Église par crainte de la contagion et que l'on se contenta le plus souvent d'un Libera à la porte du sanctuaire.

Avec des enterrements suivant le décès de moins de 12 heures parfois de 36 heures au plus, la famille était souvent peu nombreuse; les parents habitants des paroisses éloignées de quelques lieues n'étaient pas toujours prévenues à temps.

Un grand enterrement fut fait vraisemblablement sans un seul membre de la famille. La mère de Suzanne DE FROULLAY, qui avait été abbesse des bénédictines d'Avranches sous l'épiscopat de son oncle, Mgr Gabriel DE FROULLAY, et qui était mort le 30 mars 1689 à Monfleaux, lieu de sa naissance, fut inhumée le lendemain dans le caveau de ses ancêtres hors la présence de tous les siens, dont aucun ne devait être à ce moment à Saint Denis de Gastines.

 

Les assistants étaient souvent en petit nombre aux cérémonies funèbres, comme les membres de la famille. Il ne venait alors à l'idée de personne de prendre place dans le convoi, sans être entré dans l'Église afin d'y prier à l'intention du défunt.

 

Source et article diffusé dans le bulletin municipal de Saint Denis de Gastines 1987