Maréchal Forgeron

Né de parents paysans, ma passion pour les chevaux a toujours existé. A l'âge de 15 ans en 1947, j'ai donc fait en 3 ans l'apprentissage du métier de maréchal à Martigné puisque c'est là que je suis né. Même si on a la passion du cheval, au début c'est très dur.

Je me souviens que le plus difficile était de tenir le pied du cheval. Quand on a cette masse imposante à côté de soi et cette puissante que cela représente je n'ose même plus y penser.

On avait la possibilité de faire rentrer le cheval dans ce qu'on appelle « un travail ». une fois le cheval dans le travail, c'était plus facile de le ferrer. Mais certains propriétaires ne voulaient pas en entendre parler, sauf quand ils devaient eux-mêmes tenir le pied, là aucun problème pour rentrer l'animal dans le travail.

 

A une certaine époque le forgeron fabriquait lui-même les fers surtout l'hiver quand il y avait moins de travail. Il existe plusieurs grandeurs de fers ainsi que le gauche et le droit. Il faut savoir que le pied arrière du cheval est plus pointu et moins large que le pied avant. Pour ferrer un cheval, il faut commencer par enlever le vieux fer, préparer le pied pour recevoir un nouveau fer « tailler la corne ». Faire le choix du fer est très important, c'est là que l'on reconnaît un bon forgeron. Au premier coup d'œil, sans même présenter le fer sur le pied, le forgeron était sûr de ne pas se tromper. Les quatre fers étaient chauffés en même temps à la bonne et même température. Il fallait ensuite ajuster sur l'enclume sans le poser sur le pied, rien qu'au coup d'œil. Une fois préparé, le fer était posé sur le pied et la fumée de la corne, qui brûlait avec son odeur saisissante, envahissait l'atelier. Une fois l'empreinte faite, il fallait refroidir le fer dans l'eau et ensuite le clouter sur le pied avec les caboches. Il ne restait qu'à mettre la touche finale, un coup de peinture noire, « l'onguent de pied ».

Le temps de ferrage pour quatre pieds était d'une heure environ. Nous passions 6 à 7 juments par jour et chaque bête était à revoir tous les trois mois environ selon la saison et le travail effectué.

Ce qui était important également, c'était de ne pas faire sentir à la jument qu'on pouvait avoir peur.

Nous trouvions aussi des bêtes chatouilleuses. Il nous fallait aussi couper les queues, arracher les dents. Malgré tout cela, les accidents étaient très rares.

Notre principale occupation le matin était le ferrage, et l'après-midi la forge. Il fallait battre les socles des charrues, les pioches et tous les autres outils de la ferme. En période de labour, il n'était pas rare de changer trois fois de socles dans la journée.

Le trempage du fer était une chose importante, chaque acier, chaque outil, étaient trempés d'une manière différente.

Je me suis donc installé à Saint Denis de Gastines en 1955 pour remplacer Mr Rabineau qui avait succédé à Mr Jardin. Le métier a bien fonctionné jusqu'en 1960, ensuite sont arrivés les tracteurs, ce qui à considérablement modifié les façons de travailler.

Edmond GUESNON

Source : Bulletin Municipal 1996