La guerre 1939-1945

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Des souvenirs et des témoignages de gens de notre commune nous ont permis de relater cette période troublée de 1939-1945

L'avant guerre

Dès 1938, des bruits couraient qu'une guerre serait imminente. Un fait particulier alerta déjà les esprits : A Saint-Denis, le 1er dimanche d'octobre 1938, se déroulaient sur l'hippodrome de Monfleaux les courses de chevaux célèbres dans tout l'Ouest. Les Officiers et sous-officiers qui animaient brillamment cette manifestations furent priés, au micro, de rejoindre leur caserne d'urgence. Une grande anxiété s'empara de la foule. On abrégea donc cette rencontre.

La seconde guerre mondiale

Le 3 septembre 1939, le son sinistre du tocsin rappelait aux jeunes et aux moins jeunes qu'il fallait rejoindre leur caserne. Beaucoup pleuraient. C'était la guerre. Pendant le dur hiver 39-40, le travail était pénible dans les campagnes pour ceux qui étaient restés.

Le 9 septembre 1939, environ 200 pensionnaires de l'hôpital psychiatrique de Laon furent installés tant bien que mal au château de Monfleaux. Ils y firent un séjour assez long. On comptait plusieurs décès par semaine pendant les hivers froids. La plupart furent enterrés à Saint-Denis; Les derniers repartirent en septembre 1944.

En mai 1940, l'avancée allemande provoqua le départ des gens du Nord. Ce fut exode. Il faut saluer l'accueil chaleureux sera des habitants de Saint-Denis de Gastines pour les réfugiés fuyant l'ennemi.

Chaque commune de la Mayenne devait accueillir une commune de l'Aisne. Saint-Denis reçut les habitants de Pont-sur-Sambre et quelques uns de Chauny et de la Somme.

La plupart des familles arrivaient à pied, à vélo ou en voiture à cheval. Peu possédait une automobile. Les pauvres gens n'avaient pris avec eux que le strict minimum : vêtements, matelas, ustensiles de cuisine. Ces réfugiés n'ont fait qu'un séjour de 5 à 6 semaines sur notre territoire. D'après le témoignage de certains, on sait qu'ils n'ont rien retrouvé à leur retour.

Une trentaine d'années plus tard, des réfugiés ont voulu retrouver les lieux qui les avaient hébergés. Des liens d'amitié existent toujours.

En rentrant, ils découvraient la présence des Allemands en uniforme vert et gris foncé. Ils occupaient les maisons vacantes et les châteaux de Saint-Denis. De temps à autre, on les voyait défiler en marquant le fameux pas d'oie et en chantant le refrain que l'on a si souvent entendu « Helli – hello - hella ». La vie suivait son cours mais il fallait respecter le couvre-feu à 22h tous les jours.

En juillet 1940, quelques réfugiés commencèrent à prendre le chemin du retour.

 

Sous l'occupation Allemande

Quelques faits marquants ont ponctué la vie de notre cité de 1940 à 1944. Le 17 décembre 1940, une figure de Saint-Denis, Monsieur Joseph Quinton, ancien directeur de l'École Saint-Joseph, faisant toujours le trajet Saint-Denis Ernée à vélo, se tua au bas de la côte du Tertre Rouge. Un allemand le ramena dans son side-car.

 

 

Les prisonniers donnaient de leurs nouvelles et les habitants ne les oubliaient pas. Des fêtes étaient organisées afin d'envoyer des colis de ravitaillement. Saint-Denis, commune rurale, avait la chance de pouvoir manger à sa faim. Certaines familles parisiennes apparentées aux dyonisiens savaient qu'elles pouvaient compter sur eux.

 

En 1942, les jeunes de 20 ans (classe 1942) et les premiers mois de la classe 1943 furent appelés pour le service obligatoire en Allemagne (S.T.O). Il travaillèrent dans les usines de la Rhur. Quelques-uns ne partirent pas et réussirent à se camoufler sans que les familles en furent trop inquiétées. Heureusement tous revinrent au pays.

Pendant tout la période de la guerre, des Allemands, les « gris », étaient basés aux postes d'observations situés sur les points culminants de Saint-Denis : à la Guesdonnière, au Château de Bellevue dont ils avaient fait leur demeure et à la fermes des Bruyères. Ces Allemands se faisaient les plus discrets possible et ne voulaient pas troubler la population. Par contre en cette année 1943, des troupes basées en Europe se repliaient dans notre pays et continuaient des manœuvres régulières sur le territoire. A ce sujet, un souvenir revient à l'esprit. Le 21 juillet 1943, une troupe s'entrainait sur la place de l'église. Les bruits des détonations nous réveilla. Par la fenêtre, on vis la compagnie faire semblant de prendre l'église d'assaut.

Un fait de cette fin d'année 1943 avait marqué la population, et en particulier quelques habitants de Saint-Denis. En octobre 1943, l'entreprise TODT; qui dirigeait le personnel chargé d'installer les fortifications sur les côtes de la Manche, était installée dans la maison de Monsieur du Couëdic située près du presbytère. Les sous-officiers donnèrent l'ordre d'évacuer sous 48 heures l'École Saint-Joseph afin d'y installer leurs bureaux et leurs véhicules. Aussitôt, les instituteurs demandèrent des bénévoles dyonisiens pour transporter bancs et tables dans les locaux du 1ère étage de la mairie où l'espace étaientt plutôt restreint. Les instituteurs furent relogés dans la maison du Couëdic. Les Allemands quittèrent les lieux le 31 juillet 1944, seulement 6 jours avant l'arrivée des Américains. Avant de partirent ils vidèrent tous les bidons et stocks d'essence sur la cour de l'école afin que cela ne profite à personne.

Signalons aussi que pendant toute la guerre, les agriculteurs étaient obligés de livrer quelques animaux aux autorités allemandes pour la nourriture de l'armée.

En 1944, la radio de Londres lançait des messages codés pour avertir les résistants que des parachutages auraient lieu dans la France libre. A notre connaissance, il n'y en pas eut sur la commune.

Le débarquement en Normandie

Le 6 juin 1944, nous apprenons la nouvelle rassurante : les troupes alliées débarquaient. Nombres de dyonisiens se souviennent encore des vagues d'avions qui survolaient la region et du bruit que l'on entendait dans le lointain.

 

 

Pour aider les résistants de Fougerolles du Plessis et de Landivy, des jeunes de Saint-Denis de Gastines avaient camouflé deux résistants dans les paniers avant de la bicyclette de livraison du boulanger. Ils passaient par les chemins communaux car les Allemands occupaient toujours les principaux carrefours. Ces deux résistants venant de Laval, allaient signaler l'emplacement des batteries Allemandes localisées à Laval . Moins d'une heure après, ces batteries étaient anéanties par l'aviation anglaise. Dans les jours suivants, on sentait des Allemands nerveux regagner la Normandie pour aider leurs compatriotes au combat. Des résistants de Saint-Denis et des environs en profitèrent pour inverser les panneaux de signalisation sur les routes, ce qui dérouta l'ennemi. Mais ce dernier plaça des bombes derrière les panneaux. Un malheureux jeune homme fut blessé gravement sur la route de la Gare par un engin et fut transporté chez le médecin. Mais les allemand vinrent le chercher et le déportèrent en Allemagne.

L'autorité allemande alla à la mairie pour réquisitionner des garages des hauts du bourg pour stocker des bombes. Elle demanda aussi des hommes jeunes pour creuser des trous dans les haies, afin de protéger les soldats allemands contre les attaques aériennes. A ce sujet, les avions alliés mitraillaient les véhicules camouflés de feuillage des ennemis. C'est ainsi qu'à la Croix Pottier, route de Châtillon-sur-Colmont, un avion prit une simple tonnelle pour un camion ennemi et mitrailla la cible. Des impacts sont encore visibles sur la croix de granit de ce lieu. Il est inutile de dire que la tonnelle fut rasée le lendemain.

 

Dans les mêmes temps, un convoi de camions passant par Blanche Noë fut mitraillé. On dit que plusieurs allemands y trouvèrent la mort. Pour se protéger de ces attaques, la population du bourg avait creusé des tranchées dans les jardins ou dans les champs à la périphérie du bourg.

En juillet 1944, des Allemands entrèrent dans la mairie et prièrent la secrétaire de les suivre. Deux motifs invoqués par les Allemands justifiaient cette prise d'otage : Ila avaient découvert qu'une fausse carte d'identité avait été délivrée par la mairie, et avaient constaté que des jeunes s'étaient évadés alors qu'ils étaient en garde à vue suite à une rafle. Le maire de l'époque, Monsieur Poirier-Contensais refusa que la secrétaire soit convoquée à la Kommandantur de Mayenne. Cette dernière emmenée à Rigardon, dans la propriété de Monsieur le Maire qui prit sa place. Il fut emmené à Mayenne et réussit à échapper aux Allemands dans la débâcle du bombardement de Mayenne. Il faut saluer le courage de cet homme conscient de ses responsabilités.

Après la percée de Mortain, les Allemands, en plein désarroi, fuyaient devant les Américains. Nous les regardions passer, mais sur les axes principaux, des Américains tombèrent sous le feu de l'ennemi. Un monument sur la route Ernée-Larchamp nous en rappelle le souvenir.

Au tout début du mois d'août 1944, 7 jeunes de Saint Denis de Gastines partirent en carriole sur la route de Montaudin pour aller à la rencontre des Américains, arrivées soit-disant aux portes du bourg, mais ils furent arrêtés en cours de route par des Allemands et réussirent à s'échapper, tant bien que mal, à travers les champs de blé.

Dans la nuit du 3 au 4 août, un groupe de libérateurs composé d'un commando d'une dizaine de gens, arriva à la Davière par de vieux chemins creux encore nombreux à l'époque. L'avancée américaine s'étant faite calmement dans la campagne dyonisienne, des jeunes s'empressèrent d'aller à leur rencontre, ce qui était courageux puisque quelques Allemands étaient encore camouflés dans les sapins aux postes d'observation, en particulier au château de Bellevue.

La libération de Saint Denis de Gastines par la 90th Infantry Division Américaine lors de sa progression vers Mayenne en provenance d'Ernée

Le lendemain, la journée du 5 août fut marquée par la joie retrouvée sur tous les visages. Les jeeps arrivaient au carrefour et tout le monde entonna la Marseillaise.

Quelques photos témoignent de cette ambiance.

Nous découvrions des produits américains inconnus chez nous : chewing-gum, cigarettes américaines, chocolats. Leurs générosité nous surprit.

Nous n'oublierons jamais nos libérateurs, car tout en les acclamant, nous pensions à juste titre, que la voie de la liberté était encore lointaine. En effet, aucun prisonnier n'était encore libéré. Seulement, en mai 1945, ces derniers commencèrent à affluer. La joie ne fut parfaite que lorsque le dernier de Saint-Denis arriva de Russie le 5 août 1945. Ce soldat Eugène Aubert, mobilisé en octobre 1936, fait prisonnier en 1940 en Allemagne, refoulé en Russie, ne fût libéré que le 18 mai 1945. Après un long voyage de retour il n'arriva que le 5 août 1945 à Saint Denis de Gastines. Il fut recueilli à sa descente du car par le curé de l'époque et de nombreux habitants. Les cloches sonnèrent. Il alla déposer une gerbe au monument aux morts et boire un verre au presbytère. Les cloches sonnèrent pour annoncer la fin des hostilités.

 

Dirons-nous assez aux jeunes générations le prix à payer pour gagner sa liberté et sa dignité d'homme. N'oublions pas tous ceux qui nous ont offert la paix. Puissions nous garder en mémoire le souvenir de ceux qui ont donné leur vie pour notre cité.

 

Source bulletin municipal 1994 (Louis Tourneux)