L'origine du sabot est encore mal connue, mais ont sait que protégeant du froid et du contact du sol, le sabot est né dans les pays aux hivers rudes.
Mon métier de sabotier, je l'ai commencé comme tous les enfants de 12-13 ans qui à cette époque, à 80% suivaient le métier de leurs parents. A cet âge, il y a déjà longtemps que nous allions à l'école en sabots.
A la campagne, les parents garnissaient les sabots de clous dits « à sabots » et au fil du temps, pour la petite anecdote, ces diables de clous se détachaient parfois des sabots pour aller garnir la chambre à air des vélos, au grand désespoir d'ailleurs des cyclistes nombreux à cette époque.
On distinguait deux catégories de sabots, ceux de tous les jours dans lesquels l'hiver, en campagne, on mettait de la paille pour être plus confortables et ceux du dimanches. A ces derniers on mettait des patins de caoutchouc pour atténuer le bruit. Ils étaient décorés et teintés. Je me rappelle encore étant gosse avoir vu des anciens retraités dans le bourg venir à la messe en sabots.
A l'origine à Saint Denis on trouvait deux lavoirs, un grand et un petit, qui étaient alimentés par une source se trouvait à l'intérieur même de l'un des deux lavoirs. A côté une fontaine alimentait en eau potable une bonne partie du bourg, avant que l'eau courante n'arrive.
Matériel obligatoire pour une bonne laveuse :
La carrosse avec une poignée en paille
Les anciennes laveuses avaient leurs places attitrées, les jeunes les respectaient. Les anciennes étaient là surtout les 3 premiers jours de la semaine et l'on pouvait compter jusqu'à 15 laveuses. Là les cancan allaient bon train.
Nous avons commencé notre métier de bourrelier en 1935, à l'Oricière où nous étions installés. Sorti de l'école à l'âge de 12 ans, comme la plupart des jeunes de l'époque, il faut déjà penser au travail. Il faut commencer par un apprentissage de 3 ans, effectué chez Mr Dodard à Saint Denis de Gastines, pour ensuite se perfectionner dans le métier à Juvigné.
En 1935, Saint Denis de Gastines comptait 4 bourreliers pour 5 en 1910 :
Messieurs Bourcier, Lhuissier, Brière, Baglin, Loiseau. Les chevaux à moteur ont précipité la disparition des artisans bourreliers.
Le travail du bourrellier était lié à l'équipement du cheval.
Il nous fallait fabriquer harnais, brides, colliers, selles etc...
Pour faire un équipement complet, il nous fallait environ 15 jours. La fabrication du collier était une opération importante.
Il faut commencer par :
se procurer un corps de collier, selon la taille de l'animal.
Scier les attelles (parties latérale en bois du collier à laquelle les traits sont attachés) dans une planche selon la forme que l'artisan veut donner à son collier
ensuite il faut faire une housse en cuir, faire les trous pour mettre le billot et les crochets
Pour terminer par la finition, peinture et clous, selon la demande du client, et le tout cousu à la main.
Né de parents paysans, ma passion pour les chevaux a toujours existé. A l'âge de 15 ans en 1947, j'ai donc fait en 3 ans l'apprentissage du métier de maréchal à Martigné puisque c'est là que je suis né. Même si on a la passion du cheval, au début c'est très dur.
Je me souviens que le plus difficile était de tenir le pied du cheval. Quand on a cette masse imposante à côté de soi et cette puissante que cela représente je n'ose même plus y penser.
On avait la possibilité de faire rentrer le cheval dans ce qu'on appelle « un travail ». une fois le cheval dans le travail, c'était plus facile de le ferrer. Mais certains propriétaires ne voulaient pas en entendre parler, sauf quand ils devaient eux-mêmes tenir le pied, là aucun problème pour rentrer l'animal dans le travail.
A une certaine époque le forgeron fabriquait lui-même les fers surtout l'hiver quand il y avait moins de travail. Il existe plusieurs grandeurs de fers ainsi que le gauche et le droit. Il faut savoir que le pied arrière du cheval est plus pointu et moins large que le pied avant. Pour ferrer un cheval, il faut commencer par enlever le vieux fer, préparer le pied pour recevoir un nouveau fer « tailler la corne ». Faire le choix du fer est très important, c'est là que l'on reconnaît un bon forgeron. Au premier coup d'œil, sans même présenter le fer sur le pied, le forgeron était sûr de ne pas se tromper. Les quatre fers étaient chauffés en même temps à la bonne et même température. Il fallait ensuite ajuster sur l'enclume sans le poser sur le pied, rien qu'au coup d'œil. Une fois préparé, le fer était posé sur le pied et la fumée de la corne, qui brûlait avec son odeur saisissante, envahissait l'atelier. Une fois l'empreinte faite, il fallait refroidir le fer dans l'eau et ensuite le clouter sur le pied avec les caboches. Il ne restait qu'à mettre la touche finale, un coup de peinture noire, « l'onguent de pied ».